Article du journal peruvien sur L'Archive Collage.à Lima Pérou.
je pense est important faire la publication de l'article de Diego Otero en El Dominical del Comercio,parce que lui parle de mon parcours artisctique à Lima Perou et sur mon dernier exposition à Lima,avant de venir pour ma residence au 104.
TRADUCCION: ADRIANA LAU.
ARCAS VISUALES
Vergara et Aguis
Article de Diego Otero pour la section spécial El Dominical du journal El Comercio (Lima, le 6 juillet 2008)
Deux expositions indispensables qui utilisent le ‘tableau’ comme un contenant, comme un instrument conceptuel pour chercher dans la mémoire privée et sociale ou bien pour tester les limites ou les définitions de ce que l’on connaît aujourd’hui comme peinture.
L’Archive Collage s’expose à la galerie 80 m2 et Cajas à Lucía de la Puente.
Juan Diego Vergara est l’un des artistes visuels des nouvelles générations les plus intéressants. Son œuvre, qui commence à avoir l’impact public qu’il mérite depuis bien longtemps, a connu une série de transformations radicales — dès un expressionisme initial et naissant abstrait jusqu’à une intéressante approximation à la pop, au graffiti et l’art povera, et finalement un questionnement radical à l’intérieur de la toile sur le sens de la peinture — qui l’ont mené dernièrement à la formulation d’un procédé créatif qu’il appelle « Archive Collage ».
Ce procédé consiste à la base à chercher et recueillir des témoignages publics ou privés — fanzines, affiches de concerts, photos, découpes publicitaires ou journalistiques, etc. — d’une « scène » particulière, l’impact et la relecture du mouvement new wave à Lima, Arequipa et Cuzco entre 1985 et 1989. Ainsi, par cette expérience de documentation spécifique, Vergara fait un double voyage : à travers la mémoire collective d’une période critique tant au niveau social que politique, et à travers la mémoire personnelle dans un épisode effervescent d’assimilations et négociations culturelles.
Mais le plus intéressant c’est qu’avec l’Archive Collage Vergara réussit à réunir les deux trajectoires de l’évocation de façon que le climat de l’époque devient le symbole de la scène musicale et inversement. Les deux expériences s’imbriquent et se polluent, et ce qui appartiendrait à l’espace privé, personnel glisse vers le social et politique. Avec un grand sens artistique, Vergara utilise les documents trouvés comme des pivots pour réveiller ses propres souvenirs, les plus communicatifs, les plus partageables.
Au cœur de chaque expérience de recherche qu’incarne chaque Archive Collage (il y en a un pour Lima, un autre pour Arequipa et un autre pour Cuzco), Vergara dispose un tableau peint par lui-même. Un tableau qui est un chiffre et une interprétation, mais surtout un dialogue avec les documents trouvés, en d’autres mots, un registre de la température émotionnelle que le contexte évoqué active dans la mémoire. Ainsi, chaque tableau fonctionne comme un noyau de sens qui transfigure la pratique de recherche en un voyage introspectif, ludique qui se sert de l’humour, la note autobiographique, la profondeur et la nostalgie.
Ces tableaux déployés tels des noyaux de l’Archive Collage sont des expériences aux limites de la peinture : ils sont travaillés uniquement avec des tonalités de blanc et de noir, avec un emploi de la peinture à l’huile brutalement austère, avec des gros traits de fusain sur la toile écrue avec des applications de scotch ou chatterton — des matériaux qui font allusion à l’univers référé, mais qui entrainent avec eux des associations liées aux sphères les plus intimes du populaire urbain — ainsi qu’avec des interventions textuelles qui entrent dans le terrain du tableau et qui après retournent sur le mur, il s’agit d’un geste qui oblige la peinture à descendre, à se démocratiser, à s’humaniser, à devenir à son tour un document.
Dans l’Archive Collage il n’y a pas un texte de présentation « officiel » sur l’un des murs de la salle. Les mots de Vergara sont écrits directement sur les murs telle une litanie : « A nouveau tout est gris à Lima, à nouveau nous sommes tous habillés en noir, à nouveau les gens se produisent, à nouveau j’ai entre 15 et 17 ans, à nouveau on me file de la musique sur cassettes… » Au rythme de ces phrases, nos yeux parcourent chaque découverte et chaque vide. La mélancolie de l’Archive Collage semble dire que grandir c’est toujours échouer. Mais il s’agit aussi d’une réussite, si l’on se rend compte que tout ce que l’on a assimilé, que ce soit impure et dépouillé de préjugés, constituent un hommage à tout processus d’authentique métissage.
TRADUCCION: ADRIANA LAU.
ARCAS VISUALES
Vergara et Aguis
Article de Diego Otero pour la section spécial El Dominical du journal El Comercio (Lima, le 6 juillet 2008)
Deux expositions indispensables qui utilisent le ‘tableau’ comme un contenant, comme un instrument conceptuel pour chercher dans la mémoire privée et sociale ou bien pour tester les limites ou les définitions de ce que l’on connaît aujourd’hui comme peinture.
L’Archive Collage s’expose à la galerie 80 m2 et Cajas à Lucía de la Puente.
Juan Diego Vergara est l’un des artistes visuels des nouvelles générations les plus intéressants. Son œuvre, qui commence à avoir l’impact public qu’il mérite depuis bien longtemps, a connu une série de transformations radicales — dès un expressionisme initial et naissant abstrait jusqu’à une intéressante approximation à la pop, au graffiti et l’art povera, et finalement un questionnement radical à l’intérieur de la toile sur le sens de la peinture — qui l’ont mené dernièrement à la formulation d’un procédé créatif qu’il appelle « Archive Collage ».
Ce procédé consiste à la base à chercher et recueillir des témoignages publics ou privés — fanzines, affiches de concerts, photos, découpes publicitaires ou journalistiques, etc. — d’une « scène » particulière, l’impact et la relecture du mouvement new wave à Lima, Arequipa et Cuzco entre 1985 et 1989. Ainsi, par cette expérience de documentation spécifique, Vergara fait un double voyage : à travers la mémoire collective d’une période critique tant au niveau social que politique, et à travers la mémoire personnelle dans un épisode effervescent d’assimilations et négociations culturelles.
Mais le plus intéressant c’est qu’avec l’Archive Collage Vergara réussit à réunir les deux trajectoires de l’évocation de façon que le climat de l’époque devient le symbole de la scène musicale et inversement. Les deux expériences s’imbriquent et se polluent, et ce qui appartiendrait à l’espace privé, personnel glisse vers le social et politique. Avec un grand sens artistique, Vergara utilise les documents trouvés comme des pivots pour réveiller ses propres souvenirs, les plus communicatifs, les plus partageables.
Au cœur de chaque expérience de recherche qu’incarne chaque Archive Collage (il y en a un pour Lima, un autre pour Arequipa et un autre pour Cuzco), Vergara dispose un tableau peint par lui-même. Un tableau qui est un chiffre et une interprétation, mais surtout un dialogue avec les documents trouvés, en d’autres mots, un registre de la température émotionnelle que le contexte évoqué active dans la mémoire. Ainsi, chaque tableau fonctionne comme un noyau de sens qui transfigure la pratique de recherche en un voyage introspectif, ludique qui se sert de l’humour, la note autobiographique, la profondeur et la nostalgie.
Ces tableaux déployés tels des noyaux de l’Archive Collage sont des expériences aux limites de la peinture : ils sont travaillés uniquement avec des tonalités de blanc et de noir, avec un emploi de la peinture à l’huile brutalement austère, avec des gros traits de fusain sur la toile écrue avec des applications de scotch ou chatterton — des matériaux qui font allusion à l’univers référé, mais qui entrainent avec eux des associations liées aux sphères les plus intimes du populaire urbain — ainsi qu’avec des interventions textuelles qui entrent dans le terrain du tableau et qui après retournent sur le mur, il s’agit d’un geste qui oblige la peinture à descendre, à se démocratiser, à s’humaniser, à devenir à son tour un document.
Dans l’Archive Collage il n’y a pas un texte de présentation « officiel » sur l’un des murs de la salle. Les mots de Vergara sont écrits directement sur les murs telle une litanie : « A nouveau tout est gris à Lima, à nouveau nous sommes tous habillés en noir, à nouveau les gens se produisent, à nouveau j’ai entre 15 et 17 ans, à nouveau on me file de la musique sur cassettes… » Au rythme de ces phrases, nos yeux parcourent chaque découverte et chaque vide. La mélancolie de l’Archive Collage semble dire que grandir c’est toujours échouer. Mais il s’agit aussi d’une réussite, si l’on se rend compte que tout ce que l’on a assimilé, que ce soit impure et dépouillé de préjugés, constituent un hommage à tout processus d’authentique métissage.
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