Wednesday, June 08, 2011

L’utilisation de l’image publicitaire dans mon travail est en relation avec « Le Peintre de la vie moderne »

Je suis arrivé, dans mon processus de travail, à l’utilisation de matériau graphique dans ma peinture, des photos, couvertures et posters de magazines de mode parisiens, ces photographies se retrouvent même dans les journaux gratuits, comme dans le métro, sur les kiosques, sur les stations de bus et vitrines d’une parfumerie ou d’opticiens. Je trouve ces images comme éléments de la vie quotidienne, comme partie de mon trajet pour aller à l’université ou en promenade dans mon quartier ou dans Paris. Les affiches aussi peuvent me servir, par exemple pour des expositions, si elles ont un caractère esthétique qui me plaît (cité de la musique). Ce matériau est le reflet d’une époque. C’est l’usage de ces images comme reflet de la vie moderne dans le Paris du XXI siècle La transformation de ce matériau graphique en tableaux, en peintures (huile sur toile), me permet de continuer à utiliser le mélange de texte et d’image dans mon œuvre et fait le lien avec le livre «Le peintre de la vie moderne » de Charles Baudelaire. J’utilise « Le peintre de la vie moderne » du XIXème siècle, pour «dégager de la mode ce qu’elle peut contenir de poétique dans l’historique, de tirer l’éternel du transitoire » . Je trouve dans ce matériau une sorte de portrait d’une époque. Je trouve dans les personnages de couvertures de magazines de mode une immense force : ce qui m’attire surtout, ce sont l’attitude, la photographie et la couleur des images qu’utilise le monde de la mode. « Ils sont parfaitement harmonieux, parce que le costume, la coiffure et même le geste, le regard, le sourire (chaque époque a son port, son regard, son sourire) forment un tout d’une complète vitalité (élément transitoire). »
Ces images me plaisent parce qu’elles montrent l’homme actuel «et enfin que le geste et le port de l’homme actuel donnent à sa veste ou pantalon une vie et une physionomie qui ne sont pas celles de l’homme ancien».
Cependant mon objectif n’est pas seulement de voir et de construire des archives avec ces images, mais de transformer ces images en tableaux à l’huile, de laisser une trace en donnant un graphisme personnel à ces images. C’est le retour pour moi, après le dessin au fusain rapide, à l’utilisation de la palette pour développer une peinture très précise, fondée sur le trait et la couleur.
« J’ai dit que chaque époque avait son port, son regard et son geste. C’est surtout dans une vaste galerie de portraits (celle de Versailles, par exemple) que cette proposition devient facile à vérifier. Mais elle peut s’étendre plus loin encore. Dans l’unité qui s’appelle nation, les professions, les castes, les siècles introduisent la variété, non seulement dans les gestes et les manières, mais aussi dans la forme positive du visage. Tel nez, telle bouche, tel front, remplissent l’intervalle, d’une durée que je ne prétends pas déterminer ici, mais qui certainement peut être soumise à un calcul » .
C’est ce qui nous touche chez Baudelaire, et fait résonance avec ma peinture : le mélange entre la conscience du temps qui passe et exigence d’éternité, cette tension entre évanescence et désir de pérennité, qui s’explique peut-être par les fonctions de journaliste qu’il a longtemps exercées : « Il suffit de s’arrêter un instant aux deux maîtres mots de l’esthétique baudelairienne, « modernité » et « nouveau » , pour voir aussitôt qu’elle est fille de la culture journalistique ou baigne le poète. Contre l’idéologie régnante qui, obsédée par l’idée de décadence et de déclin, oppose la perfection de l’art classique ou ,mieux, antique, à la laideur présumée du monde moderne, Baudelaire défend et exalte la beauté cachée et paradoxale de la société nouvelle –issue de la Révolution et de la mécanisation industrielle : une beauté à laquelle seul peut accéder l’artiste qui a acquis la « modernité » , c’est-à-dire ,d’après la formule célèbre du Peintre de la vie moderne, l’art de « dégager de la mode ce qu’elle peut contenir de poétique dans l’historique, de tirer l’éternel du transitoire ». Cette éternité du monde moderne n’est donc pas une éternité figée et protégée du cours réel des choses mais, au contraire, une éternité qui se nourrit de l’air du temps, qui ne renonce jamais, selon les termes par lesquels s’achèvent Les Fleurs du Mal et qui résument en effet la profonde ironie de l’art baudelairien, à trouver du nouveau » : ce vocabulaire , qui reflète l’obsession de Baudelaire pour concilier l’exigence artistique et l’évanescence du temps qui passe, ne serait tout simplement pas concevable s’il ne venait d’un homme complètement immergé –au XIX siècle déjà ! – dans notre civilisation des médias » .

0 Comments:

Post a Comment

<< Home