bilan de mes trois premiers mois de résidence en le 104.
"L'archive-collage et le post-punk" Juan Diego VERGARA (atelier 3) Bilan de mes trois premiers mois de résidence
Au début de ma résidence au 104 en octobre 2008, j'avais comme idée de confronter mon expérience du post-punk et de la new-wave, à Lima au Pérou, avec la réalité de ce mouvement, ici en France, et particulièrement à Paris. Le travail consistait à comparer les ambiances, les vécus, à distinguer les différences, afin de mettre en valeur des points de friction, ou des continuités, susceptibles de nourrir mon travail. Cette première approche s'est concrétisée, mais a également évolué au contact du public et de mon nouvel environnement. D'emblée, j'ai été confronté à un problème chronologique dans la mesure où mes références de la new-wave ou du post-punk s'établissent entre 1985 à 1989, période pendant laquelle j'ai vécu immergé dans cette musique et dans son esthétique, à l'école, dans la rue, alors qu'en France ces mouvements précédaient cette période. Pour autant mon expérience française me démontre que leur présence matérielle et symbolique est toujours vivace, j'ai donc focalisé mon travail sur les rapports qu'entretiennent ces musiques avec l'esthétique qui les accompagne, et modulé en conséquence l'intitulé de ma résidence en la titrant: "l'archive-collage et le post-punk". Mon travail a pris un tournant singulier, celui d'une esthétique participative et collaborative. J'ai entamé des recherches sur un courant musical qui a manifestement toujours pris un grand soin pour mettre en valeur les aspects esthétiques (de manière assez post-moderne, en revisitant diverses avants-gardes), à travers les fanzines, les revues, les pochettes de disques, les flyers, ou encore les magasins spécialisés dans le "look" (vêtements et chaussures). Je me suis informé, je me suis documenté, notamment grâce à l'appui du 104. Et puis, grâce au public, j'ai pu accumulé une quantité considérable de documentation, d'informations, mais aussi d'anecdotes et d'histoires, ce qui m'a permis de reconstituer, une grande et une petite histoire, une histoire vivante. Je me rappelle toujours des premiers fanzines que m'a apporté un couple du quartier, et puis aussi ces pochettes de disques, des vinyles des années 80, français et anglais, apporté par une jeune collectionneuse rencontré lors d'une ouverture. A l'occasion des rendez-vous, mon travail s'est orienté également sur des questions esthétiques liées à la new-wave. J'ai discuté l'usage du noir et blanc, pour cela je me suis appuyé sur leur emploi dans le cinéma et la vidéo par Henri Alekan et Anton Corbjin. L'association du noir et du blanc est essentielle pour comprendre la new-wave, le post-punk, les sentiments qu'ils véhiculent, un retour sur soi, une introspection teinté de romantisme. Un autre rendez-vous a été consacré au look et à l'esthétique des clips vidéos. L'émergence du clip est concomitante de ces mouvements musicaux, ils ont grandi ensemble. Ce fut l'occasion de faire connaître des groupes comme Mecano, Union, Jas, et tant d'autres. Au cours des ouvertures, j'ai du développé divers types d'interaction avec le public en raison de l'affluence de personnes qui visitent mon atelier - les week-ends environ 300 personnes en deux heures, et entre 50 et 90 personnes durant le reste de la semaine (mercredi, jeudi, vendredi), dimanche dernier 524 personnes ont visité l'atelier au cours des deux heures trente d'ouverture. J'ai donc mis à disposition du public diverses procédures au choix. J'utilise des pochettes de disques que je mets à la portée du public pour qu'il lui redonne une nouvelle esthétique, en intervenant sur elles ou à partir d'elles, avec des feutres, des marqueurs, en les déchirant, en les recombinant: c'est ainsi que se forme de manière spontanée des compositions collectives sur les murs de l'atelier. Je travaille également avec le public au travers de questions écrites sur le mur. Je propose aux personnes qui passent au 104 d'y répondre et d'intervenir. Ce qui m'importe c'est que la personne qui rentre dans l'atelier cesse d'être l'habituel spectateur passif et fasse partie de l'oeuvre, en y participant et en apportant son témoignage. Je m'inspire ainsi de l'idée que Picasso et Braque avaient du Collage: "le Collage a ainsi mis a mal l'idée traditionnelle que de génie il ne peut y en avoir qu'un, si quiconque peut créer une oeuvre d'art avec des papiers collés et des objets trouvés alors quiconque peut-être un artiste". Cette manière de voir et cette technique ont inauguré une nouvelle relation entre le public et l'oeuvre, parce qu'elle a amené le public à aller au-delà de la simple contemplation, en reconstruisant la signification de l'oeuvre en fonction des pistes qu'apportent les matériaux collés sur le tableau. Une fois extrait de leur contexte habituel, ces matériaux deviennent énigmatiques, et au contact du public ils acquièrent une nouvelle dimension. Et c'est ce qui arrive dans le procès de création et de recherche de mon travail. Le contact avec le public, au travers de la musique, m'a fait prendre conscience, et de ce processus, et du pouvoir de la musique. Les gens qui ont connu les années 80, et qui ont aujourd'hui 40 ans, lorsqu'ils écoutent cette musique c'est tout un monde qui revient. Pour leurs enfants, c'est encore un autre type d'expérience, mais la musique continue à manifester ses puissants effets. C'est pour cela que je souhaitera réalisé - toujours grâce à la musique comme fil conducteur - un travail parallèle à celui que je fais avec la new-wave. Dans mon atelier, très souvent ouvert au public, je reçois habituellement la visite de jeunes garçons du 19°, et j'ai également connu des élèves d'un proche lycée. Avec eux, je souhaiterai mettre en place un système similaire mais adapté à leurs goûts musicaux. J'aimerai voir les gens du quartier, et la jeunesse particulièrement, créer sa propre oeuvre d'art, faire partie du 104, ce qu'ils ont à dire mérite que l'on s'y attarde, et le 104 permet cela. Juan Diego Vergara Artiste-plasticien
Au début de ma résidence au 104 en octobre 2008, j'avais comme idée de confronter mon expérience du post-punk et de la new-wave, à Lima au Pérou, avec la réalité de ce mouvement, ici en France, et particulièrement à Paris. Le travail consistait à comparer les ambiances, les vécus, à distinguer les différences, afin de mettre en valeur des points de friction, ou des continuités, susceptibles de nourrir mon travail. Cette première approche s'est concrétisée, mais a également évolué au contact du public et de mon nouvel environnement. D'emblée, j'ai été confronté à un problème chronologique dans la mesure où mes références de la new-wave ou du post-punk s'établissent entre 1985 à 1989, période pendant laquelle j'ai vécu immergé dans cette musique et dans son esthétique, à l'école, dans la rue, alors qu'en France ces mouvements précédaient cette période. Pour autant mon expérience française me démontre que leur présence matérielle et symbolique est toujours vivace, j'ai donc focalisé mon travail sur les rapports qu'entretiennent ces musiques avec l'esthétique qui les accompagne, et modulé en conséquence l'intitulé de ma résidence en la titrant: "l'archive-collage et le post-punk". Mon travail a pris un tournant singulier, celui d'une esthétique participative et collaborative. J'ai entamé des recherches sur un courant musical qui a manifestement toujours pris un grand soin pour mettre en valeur les aspects esthétiques (de manière assez post-moderne, en revisitant diverses avants-gardes), à travers les fanzines, les revues, les pochettes de disques, les flyers, ou encore les magasins spécialisés dans le "look" (vêtements et chaussures). Je me suis informé, je me suis documenté, notamment grâce à l'appui du 104. Et puis, grâce au public, j'ai pu accumulé une quantité considérable de documentation, d'informations, mais aussi d'anecdotes et d'histoires, ce qui m'a permis de reconstituer, une grande et une petite histoire, une histoire vivante. Je me rappelle toujours des premiers fanzines que m'a apporté un couple du quartier, et puis aussi ces pochettes de disques, des vinyles des années 80, français et anglais, apporté par une jeune collectionneuse rencontré lors d'une ouverture. A l'occasion des rendez-vous, mon travail s'est orienté également sur des questions esthétiques liées à la new-wave. J'ai discuté l'usage du noir et blanc, pour cela je me suis appuyé sur leur emploi dans le cinéma et la vidéo par Henri Alekan et Anton Corbjin. L'association du noir et du blanc est essentielle pour comprendre la new-wave, le post-punk, les sentiments qu'ils véhiculent, un retour sur soi, une introspection teinté de romantisme. Un autre rendez-vous a été consacré au look et à l'esthétique des clips vidéos. L'émergence du clip est concomitante de ces mouvements musicaux, ils ont grandi ensemble. Ce fut l'occasion de faire connaître des groupes comme Mecano, Union, Jas, et tant d'autres. Au cours des ouvertures, j'ai du développé divers types d'interaction avec le public en raison de l'affluence de personnes qui visitent mon atelier - les week-ends environ 300 personnes en deux heures, et entre 50 et 90 personnes durant le reste de la semaine (mercredi, jeudi, vendredi), dimanche dernier 524 personnes ont visité l'atelier au cours des deux heures trente d'ouverture. J'ai donc mis à disposition du public diverses procédures au choix. J'utilise des pochettes de disques que je mets à la portée du public pour qu'il lui redonne une nouvelle esthétique, en intervenant sur elles ou à partir d'elles, avec des feutres, des marqueurs, en les déchirant, en les recombinant: c'est ainsi que se forme de manière spontanée des compositions collectives sur les murs de l'atelier. Je travaille également avec le public au travers de questions écrites sur le mur. Je propose aux personnes qui passent au 104 d'y répondre et d'intervenir. Ce qui m'importe c'est que la personne qui rentre dans l'atelier cesse d'être l'habituel spectateur passif et fasse partie de l'oeuvre, en y participant et en apportant son témoignage. Je m'inspire ainsi de l'idée que Picasso et Braque avaient du Collage: "le Collage a ainsi mis a mal l'idée traditionnelle que de génie il ne peut y en avoir qu'un, si quiconque peut créer une oeuvre d'art avec des papiers collés et des objets trouvés alors quiconque peut-être un artiste". Cette manière de voir et cette technique ont inauguré une nouvelle relation entre le public et l'oeuvre, parce qu'elle a amené le public à aller au-delà de la simple contemplation, en reconstruisant la signification de l'oeuvre en fonction des pistes qu'apportent les matériaux collés sur le tableau. Une fois extrait de leur contexte habituel, ces matériaux deviennent énigmatiques, et au contact du public ils acquièrent une nouvelle dimension. Et c'est ce qui arrive dans le procès de création et de recherche de mon travail. Le contact avec le public, au travers de la musique, m'a fait prendre conscience, et de ce processus, et du pouvoir de la musique. Les gens qui ont connu les années 80, et qui ont aujourd'hui 40 ans, lorsqu'ils écoutent cette musique c'est tout un monde qui revient. Pour leurs enfants, c'est encore un autre type d'expérience, mais la musique continue à manifester ses puissants effets. C'est pour cela que je souhaitera réalisé - toujours grâce à la musique comme fil conducteur - un travail parallèle à celui que je fais avec la new-wave. Dans mon atelier, très souvent ouvert au public, je reçois habituellement la visite de jeunes garçons du 19°, et j'ai également connu des élèves d'un proche lycée. Avec eux, je souhaiterai mettre en place un système similaire mais adapté à leurs goûts musicaux. J'aimerai voir les gens du quartier, et la jeunesse particulièrement, créer sa propre oeuvre d'art, faire partie du 104, ce qu'ils ont à dire mérite que l'on s'y attarde, et le 104 permet cela. Juan Diego Vergara Artiste-plasticien
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