Bilan d' exposition avec la série homo-érotique à Paris et Lima.
Il est important d’évoquer d’abord d’autres expériences
avant mon expérience d’exposition dans
la librairie « les mots à la bouche » dans le marais 6 – 27 février 2014).
J’ai fait différents essais entre les mois de décembre 2013
et janvier 2014, pour rendre
possible le projet d’exposition
individuelle, dans un lieu d’exposition à Paris, avec la série de peintures et photos
« homo-érotique ». Le premier essai a eu lieu avec l’association des
artistes de Belleville, Les AAB dans le 20eme arrondissement, association dont
je suis membre et avec laquelle j’avais déjà fait avant des expositions
individuelles dans la galerie de l’association. J’ai présenté mon dossier au
comité de sélection des AAB avec des
photos de la série des peintures et photos série « homo érotique »,
j’ai présenté la série avec le sujet de la vie privée de l’artiste comme sujet
de son travail plastique, ma vie privée
homosexuelle à Paris, recherche que j’ai commencé en 2010 jusqu'à 2014,
mais la réponse du jury a été négative, parce qu’ils considèrent que ma série
de peintures homo érotique est trop directe sexuellement. Le problème est
surtout les visiteurs qui viennent pendant le weekend visiter la galerie, surtout «les enfants » qui viennent visiter
la salle en compagnie de leurs parents et
le problème est aussi le quartier, ce n’est pas un quartier facile pour ce type
de sujet et les scènes de sexe
homosexuel sont trop fortes et directes,
mais en revanche je peux présenter un projet d’exposition avec le même sujet érotique, avec des autres artistes pas homo, hétérosexuelle, la vision de l’érotisme dans le champ
d’études hétérosexuelles, etc. J’ai, encore, obtenu la même réponse (« les enfants ») pour montrer
ma série « homo érotique »
à Lima-Pérou, dans la salle d’exposition d’un institut d’anglais
Euroidiomas, situé dans un quartier commercial à Miraflores, à savoir que le
sujet de ma peinture est trop fortement sectorisé pour le public visiteur avec
des enfants. Enfin, j’ai réussi à faire une exposition bilan de mon travail
plastique, des anciennes étapes, exposition parallèle à mon exposition avec la série homo-érotique dans une
librairie dans le centre de Lima- Pérou, un côté de la ville encore considéré
« underground »
À Paris, la réponse à ma question sur les lieux
d’exposition pour montrer la série homo érotique a toujours été de me
conseiller de chercher une salle d’exposition dans le marais.
J’ai commencé la recherche d’un lieu d’exposition dans le quartier du marais : j’ai envoyé
mon projet d’exposition à l’espace d’exposition du bureau LGBT de la Rue
Rambuteau à Paris, la réponse a été négative avec le même motif : le sujet
de la série « homo-érotique » étant selon eux trop fort et trop direct.
Ils m’ont demandé si je n’aurai pas un autre style de tableau, moins fort, plus
décoratif.
Dans le bar « Le Duplex » bar dans le marais,
j’ai laissé mon dossier aussi, avec la série homo érotique : la première
fois, ils sont répondu que l’agenda était plein et un autre jour où j’ai parlé directement
avec le patron du bar, il a répondu
qu’il choisissait les sujets
d’exposition, préférant des expositions collectives. De manière parallèle, j’ai
réussi à proposer mon projet d’exposition avec la série «homo érotique » dans
la librairie « les mots à la bouche », dans le marais à
Paris ; en même temps, j’ai commencé aussi à prendre contact par mail avec
la librairie « Arcadia
Mediatica », librairie spécialisée en
architecture et arts visuels, à
Lima - Pérou, qui s’est montrée très enthousiaste avec la série homo-érotique,
en acceptant mon projet d’exposition. L’exposition s’est appelée « L’effet
miroir, l’image extérieure et l’image intime », sujet de ma recherche pour
le doctorat en arts plastiques, Université Sorbonne Paris 1.
Mon exposition individuelle de peinture avec la série « homo érotique » dans la librairie « les mots à la
bouche » dans le marais, a eu lieu au mois
de février, du 6 au 27.
Dans la librairie, le sous-sol est adapté comme lieu d’exposition, les tableaux de peintures
à l’huile série qui parle sur la vie nocturne homo à Paris et les scènes dans
le bars avec dark room à Paris,
tableaux petit format (50x50 cm) et les photos où je suis habillée avec des
sous- vêtements féminins de 40cm x 40cm sont
accrochés sur les murs de la librairie entre les livres. Comme expérience
d’accrochage, cela fut très intéressant parce que l’esthétique de ma peinture
et de mes photos est liée au sujet de la librairie. Les couvertures des livres
font un bon mélange, ce lieu « les mots à la bouche » est en effet une librairie proposant des
écrits et des films dvd homosexuels. Une autre caractéristique est qu’avant de
faire mon exposition, un autre artiste plasticien « latino » également, a réalisé son exposition avec des dessins
homo érotiques, comme s’il y a avait une tendance des artistes homosexuels latinos
à Paris, tendances à montrer en ce moment ce type de sujet en peinture ou en photos.
L’exposition a duré trois semaines dans « les mots à
la bouche », j’ai fait une visite guidée pour trois personnes, dans laquelle
j’ai parlé de mon processus, comment j’arrive à peindre ma vie intime
homosexuelle dans mes tableaux. Je n’ai vendu aucun tableau : le public, les
visiteurs sont des acheteurs de la librairie, ils sont passés en face des tableaux. Les photos, série des
photos de 40x40cm, où je suis habillé avec des sous-vêtements féminins, les
attirent beaucoup. Cette série plaît au public, visiteurs de la librairie qui sont plutôt de passage dans le sous-sol à la
recherche d’un livre.
Durant la conversation que j’ai eue dans une soirée au bar « le duplex » dans le marais, un
homme, le patron d’une boutique de photos dans le marais m’a raconté son expérience difficile pour exposer et vendre
dans sa boutique une série de photos, art
frontal et direct de sexe homosexuel. Il a exposé une série des photos de la même
esthétique que ma peinture, mais le public n’a rien acheté. Selon lui, les
homosexuels parisiens, même ceux qui peuvent acheter de l’art, n’ont pas envie
pas de voir ces scènes dans lesquelles apparaît
la sexualité dure homosexuelle des bars avec dark room à Paris, qui font partie de la vie nocturne
homo à Paris, qui font partie du quartier de la vie gay parisienne. Le public gay
acheteur préfère acheter des photos avec une esthétique proche du pop art, un
art plus décoratif, proche aux goûts « hétéro ».
Je ne dis pas qu’il faut acheter ma peinture, ma série homo
érotique, dont je sais qu’elle est forte et directe, mais la peinture est un
art in fine. Ce qu’il y a
d’extraordinaire dans ces anecdotes, ces expériences est que la simple action
de chercher un lieu d’exposition à Paris et à Lima, m’apporte des réponses du
côté professionnel, comme peintre, réponse qui est le reflet de l’ambiance culturelle en face de
certains sujets. Certaines structures, certains organismes culturels dans le
domaine de l’art plastique, n’acceptent toujours pas certains sujets. Un reflet de la vraie société gay à Paris est la position des organismes comme
LGBT, organismes représentatifs de la communauté homosexuelle, qui refuse une exposition de
peinture et photos homo érotiques et qui demande à la place de l’art décoratif,
expérience très riche et qui m’aide à comprendre et savoir ma place comme peintre dans la société
parisienne et mondiale, un peintre qui
parle avec sincérité de sa vie privée dans sa propre peinture et qui utilise même
le sujet de sa propre vie privée homosexuelle à Paris, comme sujet de son
œuvre.&
Le commissaire d’exposition espagnol Agustin Perez Rubio, pendant son passage à
Lima en avril 2014, a visité mon exposition « L’effet miroir, l’image
extérieure et l’image intime » dans la librairie Arcadia Mediatica. Je lui
ai raconté ma position artistique à propos de la série
homo érotique, qui en fait poursuit
la même mécanique de travail de peintre
de la ville, qui avant évoquait ma vie à Lima au Pérou et qui maintenant retrace ma vie à Paris, donc
ma propre vie privée homosexuelle. Pour arriver à ce résultat, c’est tout un
processus qui a commencé en 2000 et qui
a passé par plusieurs étapes esthétiques. J’étais inquiet car pendant mon
exposition, « L’effet miroir, l’image extérieure et l’image intime »,
l’ambiance culturelle à Lima conduisait
le public à faire des liens entre mon
travail plastique et l’activisme homosexuel, pour la défense des droits des homosexuels.
Perez Rubio m’a répondu que l’acte de
faire une exposition de ce genre est déjà une manière d’être activiste. Certes
mon travail est le résultat d’un processus mais c’est aussi une peinture de genre, qui reste aussi un travail plastique. Selon Perez Rubio, c’est justement en
raison de ce contexte pour la défense des homosexuels, que maintenant une
tendance, de toute une partie de la communauté homosexuelle et surtout des
organismes culturels homosexuels, est de préférer vendre une image de la communauté
gay plus « soft », d’adoucir d’une certaine manière la communauté
gay et de ne pas montrer certaines
scènes de la vie gay. Des homosexuels ne veulent pas voir ces scènes de sexe
directes, car elles leur semblent trop grotesques ou dures. Ils préfèrent
s’intégrer dans un modèle dominant. Réciproquement existe aussi une tendance
culturelle qui essaie de faire entrer ce type d’art évoquant directement et
crument la vie privée dans l’activisme.
Julien Bargeton, membre de PS à Paris, estime que, pour
certains publics, mes séries de travaux et recherches de représentations
(peintures et photographies) semblent s’opposer à cette essai d'intégration de la communauté gay dans
la société hétérosexuelle parisienne,
sans implication et distinction de genre. Cela s’opposerait à cette attitude de
la communauté gay en faveur du mariage pour tous, l’adoption des enfants pour
les couples homosexuels, les droits des homosexuels, qui sont les bases de « l'unification »
des homosexuels, bref l’aspiration à une certaine « normalité » ;
alors que mes tableaux racontent la « marge ».
Ma série s’est construite à partir de la perception d’un
peintre homosexuel (moi) qui peint sa vie à Paris, mais une vie homosexuelle
dans laquelle la base est l’expression de « son plaisir », plaisir
sexuel sans censure, plaisirs trouvés dans le contact sexuel furtifs dans le
dark-room lieux spécifiques dans les bars, s’ajoute le plaisir de m’habiller
avec des sous-vêtements féminins et de photographier mon reflet face au miroir
de la salle de bain dans mon appartement à Paris. Tout se fait pour la
représentation du plaisir, car il me semble que nous négligeons l’aspect
élémentaire très important dans la vie
en communauté homosexuelle (ou hétérosexuelle).
Ce plaisir apporte cette richesse et ces variétés d’expérimentations, un comportement :
affirmation d’être libre. Ce mélange des expériences sexuelles et esthétiques, et cette diversité des
tendances et des manières d’être homosexuel, n’a rien à voir selon moi avec la
vie sexuelle hétérosexuelle. Dans cette vie homosexuelle, l’image est très
importante, les fantasmes sexuels sont tous des images, un matériau visuel très riche pour un peintre ou artiste
plasticien ou quelqu'un qui travaille avec des images ou dans le domaine de
l’art visuel.
Cette image est la matière du fantasme, de sa réalisation,
et le matériau de mon travail. L’effervescence de mes recherches pour cette
thèse de doctorat.
À la fin de mon exposition à Lima, « L’effet miroir, l’image extérieure et l’image intime » je suis arrivé à imprimer un livre catalogue
avec toute la série « L’effet
miroir, l’image extérieure et l’image intime ». Je suis arrivé à
vendre à Lima quelques exemplaires de mon livre
pendant la présentation du livre dans la fondation Euroidiomas et j’ai,
par ailleurs, laissé quelques exemplaires dans la librairie « les mots à
la bouche » à Paris.
Ma position d’artiste plasticien, qui travaille sa propre
esthétique, qui ne cherche pas l'intégration ou être accepté, pour le circuit
artistique officiel ou culturel, reste que le développement de mon sujet « ma vie privée comme sujet de mon propre
ouvre » est la réponse de mon processus de travail plastique que j’ai commencé en 2000.
Je veux exprimer que l’art plastique est un bon moyen pour
faire face à la société et est une forme d’aide dans l’inclusion de l’artiste
plasticien et l’ homosexuel, mais sans
perdre « sa vraie identité et son essence », doublement : du côté
artistique avec la recherche de matériaux
et la liberté des sujets de son œuvre et
du côté homosexuel, en assumant une image de l’homosexuel et de sa
relation avec le plaisir, voire la perversité, élément
d’une sexualité homosexuelle, qui est sa propre manière
d’être, sa démarche artistique tournée vers la perversité non dans le sens de
la maladie, mais comme moteur de recherches des plaisirs sexuels et des
satisfactions d’une représentation de ses imaginaires.
« Son œuvre récupère de manière fondamentale le potentiel
subversif des corps en face de toutes les normes dont l’hétéronomie qui fait
des représentations du désir et du plaisir un espace politique, un espace d’affirmation
et de résistance » dit par Miguel Lopez dans l’extrait du texte, « L’effet
miroir, l’image extérieure et l’image intime » comme commissaire
d’exposition,
Opinion de Miguel Lopez sur le lien entre
ma série homo-érotique et l’activisme :
« Par exemple, le peintre Juan Diego Vergara ne milite
dans aucun mouvement, il est une personne qui a
commencé à articuler un espace de lutte personnelle à partir d’un espace
dans lequel il produit des images en relation à ces nouvelles expériences de
vie comme homme gay qui habite à Paris. Vergara dans cette dernière exposition
l’effet miroir, l’image extérieure et l’image intime, représente des tableaux
qui montrent ces rencontres dans les bars homo avec des dark room ou d’autres
tableaux dans lesquels il montre des outils de style SM. Il s’ouvre pour
partager ces expériences avec tous les spectateurs et procure un espace d’échanges
et de conversation à partir de cette expérience, ouvre son champ personnel et
de cette manière les autres peuvent se sentir identifiés. Comme dans sa série
Héros et Salaud, dans laquelle il oppose
des couvertures de magazines Têtu avec des citations des articles des
personnalités qui ont une position ouverte de persécution contre les sexualités
dissidentes. Enfin, ce qui m’intéresse est comment ces images peuvent aussi
permettre de penser les luttes sociales à partir d’un autre lieu. Je crois que cela
forme un dialogue très intéressant qui est fantastique quand il arrive. Qu’est-ce
que les pratiques artistiques peuvent dire des luttes sociales et politiques ? Et
inversement : qu’est-ce que les luttes sociales nous apprennent des
pratiques privées, de ces lieux ? ».
C’est un paradoxe : l’artiste devient activiste en
raison du contexte (le combat pour les droits des homosexuels dans le monde) et
son œuvre est utilisée pour l’intégration dans la société, alors que son
discours au contraire insiste sur la marge de la vie homosexuelle par rapport à
la norme hétérosexuelle.
Conclusion Juan
Diego :
Mon rôle d’artiste plasticien me donne le pouvoir de créer une esthétique pour
faire accepter un reflet de la vie homosexuelle en lien avec « le plaisir
et la perversité ».
Entretien sur le site Internet péruvien « La
Mula.pe », sur l’exposition
« L’effet miroir, l’image extérieure et l’image intime » en relation
au « plaisir » dans mon
travail plastique :
« Parce que mon travail a toujours été lié au plaisir,
comment je me sens femme, je fais le choix de m’habiller avec des
sous-vêtements féminins et d’essayer de
regarder mon reflet dans le miroir parce que je me trouve attirant, je ne
trouve aucune raison pour m’excuser de cela, je trouve un lien avec le selfie en
facebook. Il y a quelques années que j’ai commencé à prendre des photos
de moi-même et les montrer dans mon
profil, c’est la mécanique de travail que j’utilise maintenant dans mon travail
plastique, c’est ma propre thérapie personnelle. Au début mes premières photos
en facebook ont été critiquées par mes amis
à Lima-Pérou « tu te montres beaucoup en Facebook, c’est une étape
egocentrique, tu te montres toujours avec une chemise ou une nouvelle
veste » et j’ai répondu que c’est le résultat de l’expérience de vivre à
Paris, beaucoup de mode, d’esthétique, de côté visuel, tout ça rentre par les
yeux, l’apparence, l’aspect personnelle sont très importants. J’ai toujours
aimé la mode, ma recherche d’un style personnel dans ma manière de m’habiller,
ça a commencé pendant les années quatre-vingt et c’est toujours sur cela que
parle mon travail plastique actuel».
Projet :
Mon prochain projet sera la candidature à un lieu de
résidences artistiques au Mexique, avec l’élaboration d’ un « manifeste artistique » en forme
de fanzine, illustré avec des peintures
et dessins avec des scènes homo
érotiques en défense du « plaisir et de la perversité homosexuels »
, en réponse et contre une stratégie politique mondiale d'assimilation de l’homosexuel dans la
société hétérosexuelle, sans laisser de côté sa vrai nature. Mais je
voudrais utiliser une esthétique plus artistique dans cette série.
Conclusion :
« l’artiste plasticien prend le risque d’être nommé
activiste quand son discours est trop
frontal et que le sujet évoque sa vie privée. Je crois qu’il doit continuer
avec cette narration de sa vie privée mais sans perdre l’élément de plaisir, de fantaisie, de
magie dans l’élaboration de sa propre esthétique, une
manière de protection contre l’activisme et la manipulation de son
propre discours plastique ».
Juan Diego Vergara, Paris, 2 juin 2014.
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